Source : Photo faite en 1865 par William Notman d'un portrait peint, Musée McCord, I-18717.1
L'homme d'affaires anglais John Molson immigra à Montréal en 1782. Dès son arrivée à l'âge de 18 ans, il entreprit des activités commerciales. En 1786, il devint directeur d'une brasserie. Il s'associa en 1809 avec le mécanicien John Jackson et le constructeur de navires John Bruce dans le but de construire un bateau à vapeur pour transporter des passagers entre Montréal et Québec. Ceci représentait un véritable exploit technique à l'époque.
02/Le bateau à vapeur l'Accommodation
Source : Une partie d'une gravure réalisée probablement en 1910, Musée McCord, MP-1976.288.1
L'Accommodation fut le premier bateau à vapeur au Canada. Cette barque était équipée d'un moteur à vapeur relié à deux immenses roues à aubes qui agissaient comme des pagaies. Des artisans de Montréal et de Trois-Rivières fabriquèrent les différents éléments du bateau. À la fin du mois de janvier 1809, John Molson fit le voyage en traîneau jusqu'à Trois-Rivières afin de vérifier l'avancement de la fabrication des pièces du moteur aux Forges du Saint-Maurice. La construction du bateau fut terminée au début du mois d’août.
03/ Lancement du premier bateau à vapeur canadien l'Accommodation en 1809
Source : Reproduction d'une peinture de Adam Sherriff Scott, ca 1939, Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3242142
Le lancement de l'Accommodation eut lieu le 19 août 1809. Le voyage inaugural du bateau se produisit un peu plus tard à l'automne. Le 1er novembre 1809, il quitta Montréal à deux heures de l’après-midi avec à son bord sept membres d'équipage. Ce bateau pouvait accueillir une vingtaine de passagers. Le samedi 4 novembre, 66 heures après son départ, il arriva à Québec à huit heures du matin. Il s'était cependant ancré sur les hauts-fonds du lac Saint-Pierre à mi-parcours pendant 30 heures. Le trajet de retour vers Montréal dura sept jours. Ce voyage fut effectué à deux autres reprises durant l'automne 1809. En 1810, durant quatre mois, l'Accommodation fit 12 voyages. Le parcours entre Montréal et Québec exigeait deux arrêts afin de réapprovisionner le bateau en combustible de bois. John Molson se dissocia de ses deux partenaires et devint par la suite l'unique propriétaire. Il se rendit en Angleterre à l'automne 1810 pour commander un moteur pour son prochain bateau, le Swiftsure. La construction de ce dernier débuta en août 1811 au chantier de Hart Logan à Montréal. Ce deuxième bateau à vapeur fut lancé le 20 août 1812. En septembre 1814, ce fut au tour du Malsham, puis du Lady Sherbrooke en 1816 et du New Swiftsure en 1817.
04/Vue de Montréal depuis l'île Sainte-Hélène
Source : Gravure de John Henry Walker, ca 1847, Musée McCord, M930.50.8.588
Vers 1845, la navigation à vapeur sur le Saint-Laurent devint très populaire grâce aux deux navires, le Montréal et le Québec, que le fils de John Molson avait fait construire. Ces deux navires avaient la capacité de faire le trajet entre Montréal et Québec en 12 heures seulement. Vers 1872, les navires à voile se firent beaucoup plus rares sur le fleuve.
05/Le bateau à vapeur à roues à aubes S.S. Canada au quai de Cap-à-l'Aigle
Source : William Notman & Son, ca 1895, Musée McCord, VIEW-3189
Vers la fin du XIXe siècle, de nombreux plaisanciers voyageaient à bord du bateau à vapeur Canada. Il avait été construit dans les chantiers de Sorel en 1866 et appartenait à la compagnie Richelieu & Ontario Navigation. Les passagers de ce navire luxueux cherchaient à fuir les grands centres urbains pour aller se reposer près de la nature. Une des destinations recherchées par ces touristes était La Malbaie. Ces navires faisaient des escales dans différents villages. Dans la région de Charlevoix, un premier quai fut installé à Pointe-au-Pic et un deuxième à Cap-à-l'Aigle.
Vers 1886, la Richelieu & Ontario Navigation possédait la majorité des navires à vapeur se déplaçant entre les Grands Lacs et l'Atlantique. Ces navires étaient surnommés par les gens les «bateaux blancs».
06/Plaque en métal de la Richelieu and Ontario Navigation Company, 1902
Source : Collection de Denis Saint-Martin
En 1845, 35 hommes d'affaires principalement de la vallée du Richelieu fondèrent la Société de navigation du Richelieu. Au début, cette compagnie se dédiait surtout au transport du bois sur la rivière Richelieu vers les États-Unis. Elle faisait aussi du remorquage et du transport de diverses marchandises et de passagers. À partir de 1847, d'autres compagnies de navigation firent concurrence à la Société de navigation du Richelieu. Cette dernière se fusionna donc avec la Société de navigation du Saint-Laurent. Cette nouvelle société prit alors le nom de Compagnie du Richelieu et fut dirigée par Jacques-Félix Sincennes. Au début des années 1850, la compagnie dut demeurer compétitive par rapport aux autres compagnies de navigation et au transport ferroviaire qui se développait de plus en plus. La compagnie délaissa la rivière Richelieu pour se concentrer davantage sur la navigation fluviale. Des hommes d'affaires montréalais investirent dans l'entreprise. En 1856, elle fusionna avec trois autres sociétés et devint la Compagnie de navigation de Montréal à Trois-Rivières, puis en 1857 elle reprit le nom de Compagnie du Richelieu. En 1875, elle fut renommée la Richelieu and Ontario Navigation Company. Elle possédait une flotte de 18 navires à vapeur. En 1913, elle devint la Canada Steamship Lines.
07/Le paquebot Laurentic
Source : Une partie d'une gravure réalisée probablement en 1910, Musée McCord, MP-1976.288.1
Le paquebot Laurentic était un bateau à vapeur britannique mis en service par la White Star Line à partir du 29 avril 1909. Il effectua alors la traversée entre Liverpool et Montréal. Il assura ce trajet pendant cinq ans. Lors de la Première Guerre mondiale, il fut transformé afin de faire le transport des troupes. Il fit naufrage le 25 janvier 1917 après avoir heurté deux mines au large du nord de l'Irlande. Il coula en seulement une heure.
08/Portrait de Sir Hugh Allan
Source : William Notman, 1871, Musée McCord, I-63540
Ce riche financier et armateur d'origine écossaise s'était installé à Montréal en 1826. Il fit fortune entre autres dans le transport maritime et ferroviaire. Ses navires à vapeur servaient au transport des marchandises et des passagers entre le Royaume-Uni et les ports de Montréal, de Québec ou des provinces maritimes. Durant les années 1860 et 1870, il était considéré comme étant l'homme le plus riche au Canada. Ses avoirs étaient évalués entre six et dix millions de dollars.
09/Vue du port depuis l'entrepôt d'examen, Montréal
Source : William Notman & Son, ca 1890, Musée McCord, VIEW-2230
Sir Hugh Allan pouvait voir les navires de sa flotte amarrés dans le Port de Montréal à partir de sa résidence. Entre 1868 et 1891, la compagnie de transport maritime Allan Line possédait 37 navires. Elle avait l'exclusivité du transport des passagers, comptant à l'époque un grand nombre d'immigrants, et du courrier océanique. Sir Hugh Allan apporta régulièrement des améliorations techniques à sa flotte. Ainsi, la compagnie Allan Line mit en service le premier transatlantique à coque d'acier et les deux premiers paquebots à turbines. En hiver, étant donné que le Port de Montréal était à cette époque inaccessible, les navires de cette compagnie en provenance de Liverpool se dirigeaient alors vers Portland aux États-Unis.
10/R. M. S. Tunisian de la compagnie Allan Line, carte postale côté recto, ca 1903
Source : Collection de Denis Saint-Martin
Le mot paquebot attribué aux navires transocéaniques qui effectuaient le transport de passagers provient de l'anglais «packet boat» qui soulignait le rôle joué par ces bateaux dans le transport des colis postaux.
11/R. M. S. Tunisian de la compagnie Allan Line, carte postale côté verso, timbre avec portrait du roi d'Angleterre Edward VII, ca 1903
Source : Collection de Denis Saint-Martin
12/Assiette décorative de la Royal Mail Steamers de la compagnie Allan Line
Source : Collection de Denis Saint-Martin
13/Le bateau à vapeur Berthier sur le fleuve Saint-Laurent
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3400065
Le bateau à vapeur Berthier (1866-1914) a coulé après avoir été incendié près de Montréal le 24 mai 1914. Il avait été construit à Sorel en 1866 aux chantiers McCarthy. C'était un bateau de la compagnie du Richelieu.
14/Partition musicale de la chanson «God Be With You !»
Source : Collection de Denis Saint-Martin
Chanson composée pour rendre hommage aux 1012 passagers et membres d'équipage qui ont sombré lors du naufrage du paquebot Empress of Ireland le 29 mai 1914.
15/Assiette décorative en porcelaine de la Canadian Pacific Railway
Source : Collection de Denis Saint-Martin
Cette compagnie de chemin de fer avait aussi des intérêts dans la marine. Ainsi, les passagers après avoir débarqué d'un paquebot qui avait traversé l'Atlantique pouvaient continuer leur voyage vers l'ouest à bord d'un train. Sa flotte comprenait des navires de dimensions imposantes tels que les Empress qui devaient s'arrêter au Port de Québec et des navires de plus petites dimensions qui pouvaient continuer leur parcours jusqu'au Port de Montréal. Vers 1929, cette compagnie de transport était à son apogée.
16/Construction du pont de Québec, 17 septembre 1917
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4977418
Avant la construction du pont de Québec, les gens devaient emprunter un traversier pour se rendre d'une rive à l'autre. Ce pont, qui assurait à la fois un lien routier et un lien ferroviaire, permit à la ville de Québec de se développer davantage. Lors de sa construction, un événement dramatique survint. Le 29 août 1907, à 17 h 37, la structure sud du pont s’écroula causant la mort de 76 hommes. Puis, le 11 septembre 1916, on assista à une nouvelle tragédie. Lors de la levée de la traverse centrale, la structure se déforma et tomba dans le fleuve entraînant la mort de 13 personnes et en blessant 14 autres personnes. Finalement en 1917, on remonta une nouvelle travée centrale avec succès et le pont devint fonctionnel.
17/Construction du pont Jacques-Cartier vue à partir du Port de Montréal.
Source : Harry Sutcliffe, ca 1928, Musée McCord, M2011.64.2.2.201
Ce n'est qu'à partir du 12 décembre 1859, qu'il fut possible de traverser le Saint-Laurent à la hauteur de Montréal en train en empruntant le pont Victoria, ce qui contribua à mieux positionner la ville de Montréal comme plaque tournante du commerce au Canada. Au début des années 1920, les automobiles étaient de plus en plus utilisées pour les déplacements. À Montréal, on en comptait des milliers. Les pressions étaient fortes pour qu'un pont routier reliant la métropole à la rive sud soit construit.
18/Construction du pont Jacques-Cartier, Montréal, ca 1929
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3323358
Le 24 mai 1930, le pont fut inauguré. On lui donna le nom de pont du havre. Il fut renommé pont Jacques Cartier le 1er septembre 1934 afin de souligner le 400e anniversaire de la découverte du Canada par ce célèbre explorateur.
19/Carte postale du bateau à vapeur Richelieu, Canada Steamship Lines
Source : Collection de Denis Duhamel
Les luxueux bateaux blancs qui ont transporté, des années 1920 jusqu'au milieu des années 1960, des milliers de touristes sur le Saint-Laurent entre Montréal et Tadoussac ont grandement marqué la mémoire collective de plusieurs québécois vivant en bordure du fleuve.
20/Carte postale montrant le Richelieu amarré au quai.
Source : Collection de Denis Duhamel
Ces navires appartenaient à la Canada Steamship Lines. Le plus ancien des quatre avait été construit en 1912 au Delaware et avait tout d'abord porté le nom de Narragansett. Puis en 1923, on le rebaptisa du nom de Richelieu.
21/Carte postale montrant la salle à manger du Richelieu.
Source : Collection de Denis Duhamel
Le raffinement de la décoration intérieure des vastes salles de ces bateaux à vapeur était leur marque de commerce et contribuait au confort des passagers.
22/Carte postale du bateau à vapeur St. Lawrence, Canada Steamship Lines
Source : Collection de Denis Duhamel
Le St. Lawrence fut construit aux chantiers de Lauzon en 1927.
23/Carte postale du bateau à vapeur Quebec, Canada Steamship Lines
Source : Collection de Denis Duhamel
L'année suivante, le Quebec sortit des mêmes chantiers. Malheureusement, ce magnifique navire connut une fin tragique le 14 août 1950. Il fut complètement détruit par le feu au quai de Tadoussac. Sept personnes moururent. Même si l'incendie avait débuté quand il était au large, le capitaine Cyril Burch réussit à ramener le bateau au quai et ainsi à éviter qu'il y ait encore plus de victimes.
24/Carte postale du bateau à vapeur Tadoussac, Canada Steamship Lines
Source : Collection de Denis Duhamel
Le Tadoussac fut construit aux chantiers de Lauzon en 1928.
25/Carte postale montrant les bateaux blancs amarrés sur la rivière Richelieu.
Source : Collection de Denis Duhamel
En dehors de la saison de navigation, les bateaux blancs étaient amarrés sur la rivière Richelieu pour leur période d'hivernage. Puis, on les remettait en état pour la saison estivale suivante. Les bateaux occupaient toujours les mêmes emplacements aux quais. Le Richelieu, le Tadoussac et le St. Lawrence se trouvaient du côté de la rive droite de la rivière Richelieu et le Quebec du côté de la rive gauche. Le Richelieu, qui était le premier à entreprendre sa saison de navigation, était plus près de l'embouchure de la rivière. Ensuite, il y avait le Tadoussac, puis le St. Lawrence.