Source : Gravure de John Henry Walker, entre 1850 et 1885, Musée McCord, M930.50.1.703
Afin de rendre la navigation sur le Saint-Laurent plus sécuritaire, le gouvernement du Bas-Canada mit sur pied la Maison de la Trinité de Québec en 1805. Cet organisme gérait le pilotage et la construction des phares. La Maison de la Trinité était aussi responsable de la sécurité des installations portuaires, de la gestion du havre de Québec, de la mise en place et de l'enlèvement des bouées, de l'ancrage des bateaux-phares, ainsi que du mouillage et de l'amarrage des navires. Cet organisme s'occupait également de retirer les obstacles à la navigation dans le chenal. C'est la Maison de la Trinité qui accordait les brevets pour le pilotage. Elle couvrait un vaste territoire de l'Île du Bic jusqu'à Montréal. En 1832, la Maison de la Trinité de Montréal fut créée et s'occupa du territoire entre l'extrémité nord-est du lac Saint-Pierre et la frontière entre le Bas-Canada et le Haut-Canada. À partir de 1839, sa juridiction s'étendit plus à l'est jusqu'à Portneuf.
02/Le logo du ministère de la Marine et des Pêcheries avec le nom du ministre Sir Albert Smith au centre
Source : Gravure de John Henry Walker, entre 1850 et 1885, Musée McCord, M930.50.1.788
Le ministère de la Marine et des Pêcheries est créé le 22 mai 1868. Au début des années 1870, le ministère retire la responsabilité de l'ensemble des aides à la navigation, phares et bouées, aux Maisons de la Trinité. Celle de Montréal cesse complètement ses activités en 1873. Celle de Québec poursuit ses activités en se concentrant seulement sur la sécurité du port. Le 1er janvier 1876, la Commission du Havre de Québec remplace la Maison de la Trinité de Québec dans la surveillance et la mise en valeur du Port de Québec. Le 20 juillet 1905, le ministère de la Marine et des Pêcheries devient officiellement l'autorité du pilotage de la circonscription de Québec et remplace les commissaires du Havre de Québec.
Au début du XIXe siècle, les pilotes sont en libre concurrence les uns avec les autres pour offrir leurs services. Afin d'obtenir les contrats de pilotage, ils se mettent en danger en s'éloignant de plus en plus en aval de la station de pilotage pour aborder les navires jusque dans le golfe. Cette compétition effrénée entraîne 133 noyades entre 1815 et 1855. Afin de remédier à cette situation, on cherche donc à remplacer le régime de libre concurrence par le mode d'affectation à tour de rôle. Les pilotes choisissent donc de s'organiser en profession pour la sauvegarde de leurs intérêts communs et pour améliorer la qualité du service de pilotage. De 1850 à 1860, les pilotes de Québec mènent une chaude lutte, pour se constituer en corporation, au lobby des marchands qui s'y opposent. Finalement, en 1860, 234 pilotes signent l'acte d'incorporation et adoptent le mode d'affectation du pilotage à tour de rôle.
Au printemps 1897, un puissant lobby de propriétaires de navires s'oppose à l'incorporation des pilotes qui assurent le service entre Québec et Montréal. Ces hommes d'affaires exercent des pressions sur le gouvernement fédéral. Ils craignent une augmentation des coûts du service de pilotage. Devant le refus du comité sénatorial de leur accorder la constitution en corporation, les 52 pilotes déclenchent une grève le 18 juin 1897. Le 24 juin, l'homme d'affaires Andrew Allan, qui siège comme représentant des intérêts maritimes à la Commission du havre de Montréal, propose d'abolir le pilotage obligatoire. Le 28 juin, le ministre de la Marine et des Pêcheries, Louis-Henry Davies, choisit plutôt d'appuyer les pilotes. Le ministre demande alors la création d'une Commission d'enquête sur les relations entre les pilotes, les armateurs, les marchands et l'administration du pilotage. À la suite du décès d'Andrew Allan, le 27 juin 1901, la Commission du havre de Montréal avait perdu son influence auprès du personnel politique fédéral. En 1903, cette Commission cesse ses activités dans le domaine du pilotage fluvial. Le 1er janvier 1904, le ministère de la Marine et des Pêcheries se charge d'administrer le pilotage entre Québec et Montréal.
04/Un bateau-pilote transporte un pilote du Port de Sorel-Tracy jusqu'au vraquier Federal Beaufortqui est ancré sur le fleuve Saint-Laurent, 25 mai 2018
Source : Simon Ménard
Entre Les Escoumins et Montréal, tous les navires étrangers de plus de 35 m de longueur doivent obligatoirement avoir recours aux services de pilotes, brevetés par l'Administration de pilotage des Laurentides, pour les guider. Les pilotes assistent les capitaines dans la conduite des navires. Dans le cas des navires canadiens, ce sont ceux qui ont une jauge brute de plus de 3 300 tonnes et une longueur de plus de 80 m qui sont assujettis au pilotage obligatoire. Les pilotes qui font partie de la Corporation des pilotes du Bas Saint-Laurent s'occupent de la navigation sur le Saint-Laurent entre Les Escoumins et Québec, ainsi que sur la rivière Saguenay. Les pilotes membres de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent Central guident les navigateurs entre Québec et Montréal. Le tronçon lac Ontario-Montréal est couvert par la Corporation des pilotes du fleuve et de la Voie maritime du Saint-Laurent. Les pilotes sont donc spécialisés pour la conduite des navires dans un secteur déterminé.
05/Un bateau-pilote accoste le vraquier Federal Beaufort qui est ancré sur le fleuve Saint-Laurent, 25 mai 2018
Source : Simon Ménard
Dans certaines conditions, il est nécessaire que deux pilotes montent à bord d'un navire. Le pilotage demande une grande vigilance. Les pilotes doivent donc être reposés car ils sont sollicités de toutes parts. Si un navire fait route pendant 11 heures ou plus, il est exigé par le Règlement de l'Administration de pilotage des Laurentides que deux pilotes montent à bord.
06/ L'escalier du vraquier Federal Beaufort est à moitié descendu vers le bateau-pilote sur le fleuve Saint-Laurent, 25 mai 2018
Source : Simon Ménard
Durant la saison hivernale, deux pilotes doivent être présents à bord d'un navire. Le début de l’hiver est déterminé par l’Administration de pilotage des Laurentides après avoir consulté les pilotes et l’industrie maritime. On évalue la présence de glaces, la température de l'air et de l'eau, ainsi que le niveau d'eau et l'état des bouées. Cette période hivernale dure jusqu’à ce qu'on considère que la température, les aides à la navigation et l'état de la glace soient satisfaisants.
07/Un pilote monte à bord du vraquier Federal Beaufortqui est ancré sur le fleuve Saint-Laurent, 25 mai 2018
Source : Simon Ménard
08/Après y avoir reconduit le pilote, le bateau-pilote s'éloigne du vraquier Federal Beaufort qui est ancré sur le fleuve Saint-Laurent, 25 mai 2018