Source : «Report of Joint Board of Engineers on St. Lawrence Waterway Project», 16 novembre1926, photographie de Germain Martin, collection de Denis Saint-Martin
À partir de 1825, le canal de Lachine permettait de contourner les rapides et de poursuivre la navigation plus en amont sur le Saint-Laurent. Au milieu du XIXe siècle, des navires ayant un tirant d'eau de 2,7 m pouvaient se rendre jusqu'au lac Érié en passant par les canaux de Beauharnois (1845), de Cornwall (1843) et de Welland (1829). Cependant, avec le temps, les navires commerciaux utilisés devinrent de plus en plus imposants et les infrastructures existantes, écluses et canaux, s'avérèrent de trop petites dimensions pour les accueillir. En 1895, une première Commission conjointe canado-américaine des voies navigables en eau profonde évalua la faisabilité de créer une Voie maritime. Une Commission mixte internationale fut par la suite fondée en 1909. Il fallut attendre 23 ans pour que le Canada et les États-Unis signent enfin le Traité de la Voie navigable en eau profonde Grands Lacs/Saint-Laurent. En 1951, la coopération entre les deux pays commença à se matérialiser. Des lois furent votées. Elles autorisaient les Canadiens à entreprendre la construction d'ouvrages de navigation de Montréal au lac Ontario et sur le canal Welland, ainsi que la construction d'ouvrages hydroélectriques dans la section des Rapides internationaux. De son côté, le gouvernement américain donna son aval pour que des travaux soient entrepris sur le canal Wiley-Dondero afin de contourner les Rapides internationaux.
De nos jours, le réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent, connu sous l'appellation d' «Autoroute H2O» comprend cinq canaux et 15 écluses. Cette œuvre d'ingénierie remarquable permet d'élever ou d'abaisser les navires d'une hauteur de 183 m entre l'océan Atlantique et le lac Érié.
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02/Plans de la Voie maritime du Saint-Laurent
Source : «Report of Joint Board of Engineers on St. Lawrence Waterway Project», 16 novembre1926, photographie de Germain Martin, collection de Denis Saint-Martin
Le canal de la Rive Sud comprend l'écluse de Saint-Lambert en aval et l'écluse de Côte-Sainte-Catherine en amont. Il permet de contourner les rapides de Lachine sur une distance de 25,9 km. Par la suite, le canal de Beauharnois et ses deux écluses relient les lacs Saint-Louis et Saint-François sur une distance de 20,9 km. Plus à l'ouest, après avoir quitté le lac Saint-François, on entre dans la partie internationale de la Voie maritime en passant sous le pont reliant Cornwall (Ontario) et Massena (état américain de New-York). Ce pont à péage est administré conjointement par La Société des ponts fédéraux Limitée (Canada) et la Saint Lawrence Seaway Development Corporation (États-Unis). Les navires entrent ensuite dans le canal américain Wiley-Dondero et ses écluses Snell (en aval) et Eisenhower (en amont). Ce canal, d'une longueur de 16 km, permet d'accéder au lac Saint-Laurent en évitant le barrage hydroélectrique international Moses-Saunders. Plus à l'ouest, on revient en territoire canadien et on traverse le canal d'Iroquois, d'une longueur de 0,6 km, et son écluse. On évite ainsi le barrage d'Iroquois. L'écluse permet de s'adapter au niveau de l'eau du lac Ontario grâce à une élévation de 0,6 à 1,8 m.
Le canal Welland permet de franchir la hauteur de l'escarpement de Niagara et de contourner les gigantesques chutes. Le passage est ainsi possible entre les lacs Ontario et Érié. Sa longueur est de 43,5 km et il comporte huit écluses. Les écluses 1 à 7 assurent l'élévation la plus importante. L'écluse 8, non loin de Port Colborne au lac Érié, sert à régulariser le niveau de l'eau par rapport à celui du lac Érié. L'élévation y est assez faible allant de 0,3 à 1,2 m.
03/Construction du canal de Sault Ste. Marie en novembre 1893
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3192937
À partir de 1895, il fut possible de naviguer de l'océan Atlantique jusqu'au lac Supérieur grâce au canal et à l'écluse de Sault Ste. Marie du côté canadien de la rivière Sainte-Marie. De nos jours, ce canal et cette écluse servent uniquement aux embarcations de plaisance. Les plus grands navires commerciaux transitent plutôt du côté américain via l'écluse Poe, construite en 1968. Dans la partie américaine de la rivière Sainte-Marie, on observe deux écluses parallèles (Sabin et Davis) dans le canal nord et deux écluses parallèles (Poe et MacArthur) dans le canal sud. L'écluse Sabin n'est plus utilisée et l'écluse Davis, datant de 1914, l'est rarement. L'écluse MacArthur, datant de 1943, permet d'accueillir des navires mesurant une longueur inférieure à 223 m. Les écluses commerciales de Sault Ste. Marie sont exploitées par la U. S. Army Corps of Engineers.
04/Vue de l'excavation pour le déversoir d'alimentation de l'extrémité ouest, en regardant vers le nord du canal Welland, 6 mars 1930.
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3193020
Les limites du canal Welland sont, en amont, le Port Colborne au lac Érié et, en aval, le Port Weller au lac Ontario. En 1824, la Compagnie du Canal Welland fut fondée par M. William Hamilton Merritt à l'aide de fonds publics et privés. Ce marchand désirait avant tout creuser un canal afin d'approvisionner ses moulins en eau. Des études de faisabilité furent réalisées. De 1829 à 1844, un premier canal et des écluses furent aménagés. Par la suite, on effectua de nombreuses améliorations au niveau des écluses et de la largeur du canal. Un deuxième canal fut réalisé de 1845 à 1886, puis un troisième de 1887 à 1931. En 1913, on débuta les travaux d'un quatrième canal. Malheureusement, ces travaux furent interrompus durant la Première Guerre mondiale. Ils reprirent en 1919 et furent achevés 1932. Ce quatrième canal Welland est le dernier à avoir été réalisé.
05/Le navire SS Lemoyne dans l'écluse 6 lors des cérémonies d'ouverture officielle du canal Welland, le 6 août 1932.
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3193152
Les écluses 1 à 7 du canal Welland permettent de franchir une hauteur de 99,5 m. Chacune de ces écluses abaisse ou élève les navires de 14,2 m. Les écluses 4, 5 et 6 sont particulièrement impressionnantes car elles ressemblent à un escalier géant. Ces trois écluses très rapprochées permettent de gravir en peu de temps la plus grande partie de la hauteur de l'escarpement de Niagara, une crête traversant la région et incluant les chutes. De plus, elles sont jumelées afin d'accélérer le trafic. Ainsi, ces écluses en palier permettent d'effectuer des transits remontants et descendants simultanément. La traversée de ces trois écluses dure environ 1 heure 30 minutes à 2 heures 30 minutes.
06/Travaux dans la Voie maritime du Saint-Laurent près de Saint-Lambert, mai 1959
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4301797
Lors de la construction de la Voie maritime, il fallut composer avec la présence de ponts routiers et ferroviaires passant au-dessus du fleuve. Ce fut le cas pour l'écluse de Saint-Lambert qu'on installa à l'extrémité sud du pont Victoria. Afin de ne pas interrompre la circulation des trains et des voitures, lors des opérations d'éclusage, un ingénieux système de détournement, comprenant une travée levante à chaque extrémité de l'écluse, fut installé.
07/Travaux dans la Voie maritime du Saint-Laurent près de Beauharnois, mai 1959
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4314111
Les 15 écluses de la Voie maritime ont chacune une longueur de 233,5 m, une largeur de 24,4 m et une profondeur de 9,1 m. Pour pouvoir traverser ces écluses, les dimensions des navires doivent atteindre au maximum une longueur de 225,5 m et une largeur de 23,8 m. De plus, leur tirant d'eau ne doit pas dépasser 8,08 m. Chaque écluse contient environ 91 millions de litres d'eau, ce qui correspond au volume d'eau de 25 piscines olympiques. L'entrée ou la sortie d'eau d'une écluse se fait par gravité en moins de 10 minutes. L'opération complète du passage d'un navire dans une écluse dure environ 45 minutes.
08/Cérémonies d'ouverture officielle de la Voie maritime du Saint-Laurent, le 26 juin 1959
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4459722
L'achèvement du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent permit d'ouvrir la région des Grands Lacs aux marchés mondiaux. Le 25 avril 1959, la première traversée complète fut amorcée à l'écluse de Saint-Lambert par le brise-glace D'Iberville. Le 26 juin de la même année, on procéda à l'inauguration officielle. La reine d'Angleterre Élisabeth II, à bord de son yacht royal Britannia, arriva à l'écluse de Saint-Lambert en compagnie du président américain Dwight D. Eisenhower et du Premier ministre canadien John G. Diefenbaker. Le 27 juin, une autre cérémonie eut lieu à Massena (dans l'état américain de New-York) en présence de la reine. Étant absent, le président des États-Unis fut, à cette occasion, représenté par le vice-président Richard M. Nixon.
09/La reine Elizabeth II et le président D.D. Eisenhower lors des cérémonies d'ouverture officielle de la Voie maritime du Saint-Laurent, le 26 juin 1959
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3401076
10/Barrage hydro-électrique Moses-Saunders en 1958
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4949460
En 1952, la Commission mixte internationale approuva le projet de réalisation d'un barrage hydroélectrique entre Cornwall (Ontario) et Massena (état américain de New York). En 1956, les gouvernements du Canada et des États-Unis appuyèrent ce projet tout en imposant certaines exigences. On devait exercer un contrôle du niveau d'eau au lac Ontario et fournir un débit fiable pour la production hydroélectrique. On devait maintenir les profondeurs d'eau nécessaires pour assurer une navigation sécuritaire, protéger les rives et préserver les autres secteurs d'activité en aval au Québec.
En 1954, pour mener à bien ce projet, il fallut entreprendre un processus d'expropriation. Ainsi, 550 habitations furent relocalisées et 6500 personnes déménagèrent dans de nouvelles maisons. Un lac artificiel, le lac Saint-Laurent, fut créé en inondant un territoire de 259 km2. Ce bassin sert encore aujourd'hui à approvisionner le barrage hydroélectrique international Moses-Saunders construit en aval du lac. Cet apport d'eau permet d'actionner les turbines de cette centrale électrique.
En mai 1958, l'écluse d'Iroquois, en amont du lac Saint-Laurent, devint fonctionnelle. En juin, les écluses américaines Snell et Eisenhower du canal Wiley-Dondero, non loin de Massena, sont inaugurées. La centrale internationale Moses-Saunders commença alors à produire de l'électricité.
Le canal Wiley-Dondero remplaça l'ancien canal Cornwall qui avait été construit, de 1834 à 1842, afin de contourner les rapides du Long-Sault. Ce canal avait été agrandi à plusieurs reprises entre 1876 et 1904.
11/Canal et écluse d'Iroquois en 1959
Source : Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4949523
Après avoir remonté le lac Saint-Laurent, on traverse l'écluse d'Iroquois pour accéder à la magnifique région des Mille-Îles.
12/Le navire de croisière Columbus entre dans le canal Welland.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
13/Le navire de croisière Columbus arrive à l'écluse 4 du canal Welland.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
14/Le navire de croisière Columbus entre dans l'écluse 4 du canal Welland.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
15/Le navire de croisière Columbus est dans le sas de l'écluse 4 du canal Welland.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
16/Un cargo, dans le canal Welland, se dirige vers le lac Ontario.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
17/ Le navire de croisière Columbus entre dans l'écluse 5 du canal Welland.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
18/Les écluses 4, 5 et 6 du canal Welland
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
19/Écluse d'Iroquois
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
20/Écluse d'Iroquois
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
Plus de 2000 embarcations de plaisance empruntent la Voie maritime chaque année. Pour passer par les écluses, on exige que ces embarcations soient motorisées et aient au minimum une longueur de 6 m et un poids de 900 kg.
21/Écluse de Beauharnois
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
Du côté ouest du lac Saint-Louis, les navires entrent dans les deux écluses de Beauharnois. Ces écluses permettent de contourner la centrale hydroélectrique appartenant à Hydro-Québec en soulevant les navires chacune à une hauteur d'environ 12,5 m. Ils atteignent alors le niveau du canal de Beauharnois les conduisant au lac Saint-François. Ce lac est ensuite traversé en empruntant des chenaux dragués.
22/Canal de l'écluse de Beauharnois
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
23/Écluse de Saint-Lambert
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
En 1998, le contrôle opérationnel du secteur canadien de la Voie maritime fut transféré de l'Administration de la voie maritime du Saint-Laurent à la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent, nouvelle société sans but lucratif. Toutefois, c'est le gouvernement du Canada qui demeure propriétaire des infrastructures et qui est responsable de la réglementation.
24/Ce cargo, qui vient de sortir de l'écluse de Saint-Lambert, se dirige vers l'aval.
Source : Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent
La première écluse de la Voie maritime rencontrée en remontant le fleuve Saint-Laurent est celle de Saint-Lambert. Le chenal de navigation commence à l'est au niveau du pont Jacques-Cartier. Lors de la construction de la Voie maritime, il fallut soulever de 15,2 m la section du pont passant au-dessus du chenal afin de procurer aux navires le dégagement nécessaire. Une fois le pont franchi, les navires parcourent une distance de 4,8 km avant d'arriver à l'écluse de Saint-Lambert.